• Notre histoire à Tim et moi n’avait pas de quoi passionner les éditions Harlequin. On ne risquait en effet pas non plus de nous arrêter pour « excès de romantisme sur la voie publique ». Non. Je l’adorais, il m’adorait…Mais ça s’arrêtait là.

    A vrai dire je me considérais chanceuse. Mes amies autour de moi étaient toutes empêtrées dans d’absurdes histoires sentimentales. Romantiquement et passionnément chiantes. Pouah ! Non franchement, j’avais la chance d’avoir un petit ami adorable qui menait sa vie comme je menais la mienne : Indépendamment l’un de l’autre.

    Pourtant, il y avait une petite voix au fond de moi qui me chuchotait des choses étranges... Et les Roméo et Juliette ? Et les Tristan et Iseult, les Rhett Butler et les Scarlett O’hara ? Bon… Fallait dire que tous ces abrutis d’amants éternels, j’en passe et des meilleures, avaient tous fini de manière plus plus ou moins tragique. Au moins,ça ne risquait pas de m’arriver. J’étais déjà bien assez gaffeuse comme ça dans la vie de tous les jours.
     
     


    Pourtant, je n’avais pas tout le temps pensé comme ça.
     
    Petite je m’inventais un monde imaginaire, où un amoureux m’attendait.
    J’en rêvais même la nuit. Toutes les nuits...

    Des rêves étranges, qui n’avaient pourtant pas influencé ma vie sentimentale actuelle.
     


    La sonnette de la porte d’entrée tinta, et comme d’habitude à cette heure là, c’était forcément Tim. Je me jetai sur la porte, l’ouvris à la volée et l’embrassai...

    Je fermai les yeux à m’en fendre les paupières. Pour oublier qu’il n’était que lui et pas un des héros de mon enfance.

    Je me blottis dans ses bras et je me sentis, à ma grande surprise, apaisée, et merveilleusement bien. Pour la première fois depuis des mois, en sa compagnie je me sentis…Légère. J’avais l’impression que
    tout s’effaçait, j’ai l’impression de fondre.

    Mais… Je ne reconnaissais pas sa manière d’embrasser. Ce n’étaient plus des lèvres molles qui m’embrassaient plus amicalement que passionnément. Ce n’était plus un baiser fiévreux qui précédait l’acte amoureux.

    Non, ce baiser là, était un cadeau du Ciel.
    Je ne comprenais pas.
     

    Et là… Vinrent ces images dans mon esprit. Ma tête qui tournait… Et ces milliers de sensations qui m’envahirent. L’impression d’avoir de l’or chaud qui coule dans mes veines, une envie brutale de me fondre à l’intérieur de sa chair… L’impression de ne faire qu’un, et pourtant être deux… et je… Oui je me souviens.




     
    Alors que j’ouvris les yeux, et m’attendis, médusée, à me trouver face à Tim, je fus finalement face à… Mon voisin de palier, aperçu par hasard tout à l’heure, alors qu’il prenait possession de son nouvel appartement.

    Complètement gêné, il se recula, et en me regardant dans les yeux, il me demanda :

    - On ne se serait pas déjà vu quelque part ?
     
     

    Et à nouveau dans mon esprit, défilèrent ces images, ces morceaux d’histoires… Vécues ou imaginaires ? Les mêmes que dans mon enfance.

    Et je compris.
    Je compris que rien n’avait de valeur sans risques. Plus on risquait gros, plus le bonheur était à portée de main. Et que parfois, il valait mieux tout perdre, plutôt que de s’enfoncer dans l’ennui. Après tout, peut être que c’était plus que des rêves.

    Il n’en restait pas moins que je venais d’embrasser à pleine bouche un type que je ne connaissais pas… Enfin pas dans cette vie apparemment. Et que… J’étais en train de me prendre les pieds dans mon tapis.




     
    - Pas encore…Ma voix n’était qu’un murmure.

    C’est le début. Ce n’est que le début. Je le sens.
    Et merde. Foutu tapis. Là j’ai vraiment l’air ridicule…

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